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Réseau
des Chambres de Commerce et d'Industrie Insulaires de l'Union Européenne |
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Actes du 5ème Forum InsuleurLe 5ème Forum du Réseau des Chambres de Commerce et d'Industrie insulaires de l'Union européenne (Réseau INSULEUR) s'est déroulé vendredi 7 octobre 2005 à Palerme (Italie) sur le thème suivant : " Vers un tourisme durable et de qualité dans les îles européennes ". Alors qu'INSULEUR a fait du tourisme l'un de ses chevaux de bataille pour 2005, le présent événement a permis :
La présence d'intervenants venus d'horizons différents (élus consulaires, chefs d'entreprises, représentants d'autorités publiques, professeurs d'université) mais partageant la même volonté d'aider les îles, a grandement contribué à la richesse des débats et montré ainsi toute la variété du secteur touristique, et la grande gamme de réponses au défi de la durabilité. Le Forum est finalement parti de la problématique telle qu'évoquée par la Commission dans sa communication de 2003 (" Orientations de base pour la durabilité du tourisme européen ") : " L'enjeu central pour l'industrie du tourisme, ses entreprises et ses destinations, est le suivant : comment est-il possible de gérer l'activité touristique en Europe et dans le monde entier, et la croissance prévue au cours des 20 prochaines années, d'une manière qui permette de respecter les limites de sa base de ressources, et la capacité de ces ressources à se régénérer, tout en assurant son succès commercial ? Puisque le produit touristique est fortement basé sur la qualité environnementale, culturelle et social, le secteur - s'il n'est pas géré d'une manière durable - risque de se détériorer, voire de consommer sa propre base de ressources génératrices de revenus, et donc de devenir économiquement et socialement non durable ". Dans cette perspective, le tourisme prend une dimension centrale dans le développement économique des îles. C'est en somme ce qu'a démontré Mlle Federica Montaguti (CISET - Centro Internazionale di Studi sull'Economia Turistica) dans son intervention sur " l'impact économique, environnemental et social du tourisme dans les îles de l'UE ". Constatant que le tourisme constituait le pilier économique de quasiment toutes les îles de l'UE, elle estime qu'il revêt des caractéristiques particulières, du fait justement des particularités insulaires. Ces dernières peuvent notamment se traduire de 2 manières :
Or, quand il se développe, le tourisme entraîne :
Aussi Mlle Montaguti détermine-t-elle 3 types d'investissements en vue du développement du tourisme insulaire :
Enfin, Mlle Montaguti met en garde face aux dangers du " tout - tourisme " dans les îles :
Ainsi, est-il nécessaire d'avoir une politique de développement du tourisme insulaire particulièrement fine, sachant que toute décision politique dans une île peut avoir des effets immédiatement visibles sur le terrain. Par la suite, les 2 sessions de travail (l'une consacrée à la " Durabilité économique du tourisme insulaire " ; l'autre aux " Meilleures pratiques de PME insulaires pour un tourisme durable ") ont permis de dresser un éventail particulièrement varié de la durabilité du tourisme insulaire à travers la présentation d'un certain nombre de pratiques mises en uvre dans les îles. A cet égard, on peut distinguer, grosso modo, 2 types de stratégies :
Dans le cadre de cette double approche, on pourra relever l'exemple de Malte (exposé par M. Omar Cutjar du Malta Business Bureau) qui a mis en uvre un véritable plan de recours aux nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) dont l'utilisation permet d'encourager le développement du tourisme en permettant d'optimiser la stratégie marketing de l'Etat insulaire. A cet égard, de nombreux portails vantant les " charmes " de Malte et de Gozo sont en ligne sur internet. De même, des sites de réservation en ligne existent et certains sont adaptés à la clientèle. Néanmoins, si le recours aux NTIC est de plus en plus la norme dans les entreprises touristiques (par exemple : les hôtels 4-5 étoiles ont dépassé le stade de la simple connexion pour utiliser les NTIC dans leurs opérations de gestion), il reste beaucoup à faire pour rejoindre les standards européens, notamment en matière d'achat/vente en ligne, et d'intégration de processus d'affaires. C'est pourquoi, des réponses sont attendues du Plan d'action " e-business " mis en uvre par le Gouvernement maltais sur la base du Plan d'action " eEurope 2005 ". Certes, si ce Plan d'action national est un bon cadre pour inciter le secteur touristique à recourir aux NTIC, il :
Or les NTIC sont des outils qui, au-delà de leurs vertus marketing ou de facilité de gestion, constituent des réponses potentielles à l'isolement dont souffrent les îles. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que la Corse a décidé de se doter de la connexion très haut débit (dans 2 ans, chaque foyer insulaire aura accès à ce type de réseau). C'est ce qu'a expliqué M. Xavier Acquaviva (CCI de Bastia et de la Haute-Corse) dans son intervention dans laquelle il a souligné le problème de l'accessibilité (prenant notamment l'exemple du conflit de la SNCM) dont la résolution constitue la première condition pour un tourisme durable dans les îles. Pour autant, M. Acquaviva a su également mettre en avant la nécessité d'avoir une démarche " qualité ". En Corse, CCI et CTC (Collectivité Territoriale Corse) se sont engagées dans un véritable exercice de communication vantant la qualité de leurs sites, leur patrimoine culturel, leur environnement : une communication orientée tant vers la population locale (qui ne voyait pas, jusqu'à très récemment, le tourisme comme un facteur de développement économique), que vers la clientèle extérieure. Aussi, la Corse s'est-elle engagée à décliner une marque dénommée " Qualité Corse " visant à rassembler l'ensemble des acteurs socioprofessionnels, transporteurs et institutionnels afin de les fédérer dans une unité de communication. En effet, " fédérer " est bien le maître mot pour mener l'ensemble des acteurs du tourisme local à proposer un produit et des services de qualité. C'est pourquoi, on pourra également relever la présentation de l'étude de M. Giovanni Ruggieri (Université de Palerme) sur " Tourisme officiel et tourisme officieux dans les petites îles italiennes " : une étude qui révèle l'ampleur du tourisme " caché " (c'est-à-dire non mesuré par les statistiques officielles). A cet égard, l'étude révèle que ce qui est officiellement observé ne représente qu'1/5 du tourisme réel. Or, comment mesurer, anticiper, ce qui est réellement consommé par l'ensemble des touristes sur place ? Ceci peut s'avérer particulièrement problématique pour les îles (territoires aux dimensions réduites, aux ressources rares, à l'environnement fragile) : un tourisme non organisé peut avoir des répercussions graves sur la gestion de l'environnement. Et à cet égard, la question des déchets est un exemple particulièrement emblématique de ce " casse-tête " insulaire. Or, comme l'a relevé M. Rafael Carcasona (TIRME SA), les touristes sont, en été, de gros producteurs de déchets. Ces derniers ne pouvant être transportés sur le continent pour y être traités (du fait de coûts de transport trop élevés), les solutions doivent être trouvées sur place. Et justement, la réponse à la question du développement durable du tourisme dans les îles ne se situe-t-elle pas dans la capacité intrinsèque des territoires insulaires à faire de cette activité économique une force, et ainsi à ne pas la subir. Aussi, on pourra relever l'appel de M. Gianfranco Pontel (Président de l'Assonautica) qui a rappelé la nécessité de mettre en avant les qualités des îles afin de mieux vendre leur image. De même, pourra-t-on souligner l'initiative intéressante présentée par M. George Karabatos (Président de la CCI de Messine) et intitulée " Les routes maritimes de l'olivier ". Cet exemple de tourisme culturel est en effet un moyen original de permettre le développement durable des zones méditerranéennes où l'olivier pousse. Ainsi depuis 1999, des voyages touristiques (notamment à moto) sont organisés, et des activités (par exemple : production de produits dérivés de l'olive) ont pu être maintenues voire développées. Au demeurant, favoriser le tourisme culturel constitue une réponse à la problématique de la saisonnalité du tourisme : il s'agit en effet de développer les politiques qui visent à diversifier l'offre touristique. Comme l'a rappelé M. Manuel Jaén Palacios (Représentant du Gouvernement des Iles Baléares à Bruxelles), la saisonnalité du tourisme entraîne des conséquences particulièrement négatives, notamment : instabilité du travail, faible rentabilité des investissements, surcharge des infrastructures, prix élevés pour le consommateur, … C'est pourquoi le Gouvernement des Baléares réfléchit aux possibilités de " démocratiser " le tourisme, en facilitant l'accès des personnes âgées. L'idée serait en effet d'élargir les initiatives comme par exemple le programme de l'Etat espagnol qui vise à incorporer davantage les personnes âgées dans les courants touristiques, et à contrer les effets néfastes de la saisonnalité dans l'emploi touristique. Aussi, dans la mesure où le phénomène du vieillissement est propre à l'ensemble de l'Europe, il est demandé de réfléchir à la création d'un " outil européen " : un outil qui permettrait aux retraités de voyager en basse saison à des prix raisonnables. A cet égard, M. Palacios propose que les modalités d'un tel " outil " soient appréhendées dans le cadre d'un forum européen où seraient envisagées les questions suivantes : les partenaires pertinents, le financement, le transport, la formation des personnels. Il est intéressant de relever que cette proposition se soit également retrouvée dans les propos de Mme Margie Sudre (Député européen) qui mettait également en lumière la nécessité de développer de nouvelles formes de tourisme. De même, a-t-elle souligné la nécessité que Commission et Conseil relancent les travaux relatifs à la proposition de directive concernant les taux réduits de TVA permettant à tous les Etats membres d'opter pour un taux réduit de TVA en ce qui concerne l'hôtellerie et la restauration : l'idée étant de lutter contre une concurrence déloyale résultant de la diversité des situations au sein de l'UE. Enfin, dans la mesure où le tourisme constitue la part principale des activités économiques des RUP et des îles, les Etats membres devraient, selon Mme Sudre, promouvoir ces destinations et développer le réseau de transports en direction de ces régions isolées. D'une certaine manière, l'appel de Mme Sudre semble avoir été entendu puisque M. Enrico La Loggia (Ministre italien pour les Affaires régionales et les Iles) a, dans son intervention, souligné la nécessité de développer les infrastructures dans les îles. Plus largement, estime-t-il qu'une approche transversale doit être adoptée. A cet égard, il a annoncé le lancement prochain d'un certain nombre de programmes (comme par exemple : la création d'un observatoire permanent pour la Méditerranée orientale, le développement d'infrastructures portuaires). S'estimant en accord avec les idées exprimées par le Réseau INSULEUR dans son Manifeste, M. La Loggia propose que les produits insulaires soient davantage mis en valeur. Dès lors, et a fortiori pour les îles, le tourisme spécialisé dans les domaines du patrimoine naturel et culturel ne se pose-t-il pas en voie d'avenir ? C'est en somme la question que pose Mme Elisavet Papazoï (ancien ministre hellénique des Affaires étrangères). A cet égard, une réflexion doit être engagée avec les grands Tours Operators (TO). Et il convient que soit mis sur la table les questions suivantes :
Mme Papazoï souligne aussi une proposition du Parlement européen visant à ce que l'UE mette à l'honneur chaque année une région exemplaire en matière de tourisme durable. Aussi, les îles pourraient-elles saisir cette opportunité. Pour autant, le défi du tourisme durable ne pourra être relevé avec succès que si le consommateur " l'achète ". Or, ce tourisme a un prix. Encore faut-il le justifier ? A cette question, Mme Sylvia Sciberras (membre du CESE) a une réponse : accroître le niveau de conscience du touriste européen sur le bien fondé du tourisme durable et de la mise en valeur qualitative du patrimoine et de la culture des lieux visités. ConclusionsLe tourisme constitue un secteur clé des économies insulaires de l'UE, porté en cela par des PME et/ou des TPE. Le tourisme revêt un caractère transversal tant au niveau des personnes concernées que des secteurs d'activité. A cet égard, peut-on dire qu'il est polymorphe et que les pratiques en la matière sont variées. Le tourisme revêt une dimension territoriale unique : facteur de développement local, il peut avoir des conséquences importantes sur l'environnement, la culture, et la société du territoire concerné. Et ceci se vérifie a fortiori sur des espaces aussi réduits que sont les îles. En conséquence :
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